Manifeste

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vendredi 10 février 2012

Comment devenir riche (ou du moins, ne pas perdre sa job)

Un petit article publié sur ma page Facebook. Je suis curieux de connaître vos réactions et impressions. Z'en pensez?


(j'ai décidé de le transcrire ici, au lieu de simplement vous offrir le lien)




Il y a 2 méthodes pour s'enrichir.

  • Il y a celle où l'on fait tout pour se distancier des autres, ce qui fait de nous un « riche » relativement à ceux que nous écrasons, qui deviennent alors pauvres.
  • Il y a celle où l'on se dit que si notre voisin est de plus en plus riche, invariablement, nous le deviendrons aussi.

Personnellement, j'ai un fort penchant pour cette dernière.

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Je travaille pour une entreprise médiatique. Précisément, pour un télédiffuseur de chaînes dites spécialisées et payantes. Cette distinction — par opposition aux chaînes dites généralistes — devient importante, puisque somme toute, on pourrait dire que je travaille dans un domaine « de luxe »; les gens doivent débourser de l'argent supplémentaire afin de s'abonner aux chaînes télé que mon employeur exploite (contrairement à Radio-Canada, que tous peuvent regarder gratuitement avec une bonne vieille antenne).

Mon voisin est abonné au câble (en fait, à la télé satellite, comme en fait foi la Bell petite coupole discrètement attachée à l'arrière de sa maison). Il se paie ce luxe, puisqu'il en a les moyens. Le jour où mon voisin perd son emploi et voit sa situation financière devenir précaire, il devra faire des choix. Entre vous et moi, s'il doit choisir entre l'épicerie pour sa famille et le câble, j'ai comme un pressentiment que le câble prendra le bord en premier! Et s'il coupe le câble, il coupe une partie de ma sécurité d'emploi.

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Je magasine actuellement des bottes d'hiver. Au lieu d'acheter aveuglément le spécial de la semaine chez Yellow, j'ai décidé de faire mes devoirs et de faire un choix éclairé et responsable; je vais acheter des bottes fabriquées au Québec (si possible), sinon au Canada ou (au pire) en Amérique du Nord. Je commence mes recherches.

Surprise! Il y a plusieurs manufacturiers de bottes au Canada. Il y en a même un au Québec : les bottes Kamik. Ce n'est pas toute leur gamme qui est fabriquée ici (certains modèles nous arrivent de Chine), mais il y a un modèle que j'aime bien. Made In Montréal. Bin coudonc. J'achète!

Par ce simple geste, j'encourage l'économie locale, je contribue à maintenir les capitaux dans ma communauté et je minimise l'impact environnemental de mon achat (diminution du transport, fabrication selon des normes connues, etc.). Qui plus est, j'achète un produit qui est fort probablement de meilleure qualité que la camelote qui nous arrive pleins conteneurs Made In China. Un produit qui sera plus durable. Un produit qui, à moyen terme, me coûtera donc moins cher, car je n'aurai pas à le remplacer aussi rapidement.

Mais surtout, je contribue à ce que mon voisin garde sa job. Et qu'il puisse continuer de se payer le câble. Qu'il continue de payer mon salaire, quoi.

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Chaque achat que nous faisons est un geste conscient, empreint de responsabilités économiques, sociales et environnementales. Chaque fois que j'achète Made In China, je contribue au réservoir de mazout d'un transatlantique, aux conditions minables pour les employés de ces usines peu contrôlées, à l'exode de nos capitaux, aux salaires de gens qui demeurent à 11 085 km de moi.

Mais chaque fois que je fais un achat réfléchi, responsable et local, je contribue à la richesse de mon voisin et à la mienne.

Je ne suis pas riche. Pas encore, du moins. Mais chose certaine, je suis trop pauvre pour me permettre que mon voisin perde sa job!

Mon grand grand grand patron, lui, il est riche. Malgré tout, je le suspecte fortement de partager ma recette de la richesse, car il sait que si mon voisin, mon cousin, mon boucher, mon garagiste et moi perdons nos emplois, éventuellement, il perdra tous ses clients. Et son entreprise. Et sa fortune. Alors mon grand grand grand patron, il prend soin de moi, m'offre des conditions de travail alléchantes et s'assure de partager sa richesse (en faisant bénéficier employés et actionnaires de primes intéressantes). Mon grand grand grand patron — je le crois sincèrement — MÉRITE sa fortune.

Quand on s'y attarde, on constate que 90 % d'entre-nous travaillons dans un domaine que l'on peut qualifier « de luxe », i.e. qui dépend de la richesse des autres. À moins que l'on ne bosse dans un secteur d'activité qui soit essentiel à la survie de l'espèce (alimentation, construction, industrie du sexe...), nos salaires dépendent d'abord et avant tout du salaire des autres. Même les milliardaires à la tête de multinationales DOIVENT s'assurer que la population soit en mesure de s'offrir leurs produits et services. Celles et ceux qui se fient uniquement à la première approche citée ci-haut feront effectivement fortune rapidement (en s'attirant la haine, la jalousie et l'indignation), mais tomberont éventuellement. Avec les pauvres.

*****

Certains qualifieront mon raisonnement de simpliste, puisqu'il ne tient pas compte de l'inflation et des aspects macroéconomiques du marché. Je leur répondrai simplement ceci : certes, une population qui s'enrichit encourage l'inflation (ce qui, du même coup, diminue le pouvoir d'achat des individus). Peut-être. Mais les Chinois — qui s'enrichissent depuis des décennies avec les capitaux qu'on leur envoie afin qu'ils produisent nos babioles — voient eux aussi leur pouvoir d'achat augmenter. Et leur appétit croît. Et s'en suit l'inflation. Et ils augmentent leurs coûts de production. Et nous refilent la facture. Alors, que ce soit ici ou outremer, l'inflation m'affecte tout autant. 

Entre deux maux, je choisis volontiers celui où c'est mon voisin qui s'inflationne.

2 commentaires:

  1. "Quand on s'y attarde, on constate que 90 % d'entre-nous travaillons dans un domaine que l'on peut qualifier « de luxe », i.e. qui dépend de la richesse des autres"

    Je suis un gros connard de gauchiste. Je pourrais te faire la leçon des heures durant sur les façons les plus éthiques d'utiliser ton argent.

    Et pourtant, j'adore ton site. J'apprécie et respecte tes conseils de gros bourgeois.

    Je crois qu'au départ, ça tient à cet énoncé. Tu es conscient d'être un plein de marde.

    :o)

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  2. Salut Anonyme,

    La semaine dernière, j'ai assisté à une courte conférence donnée par Arianna Huffington. Bien que je n'étais pas d'accord avec tout ce qu'elle a avancé et proposé, une phrase a retenu mon attention : « Maintenant, il n'y a plus réellement de gauche et de droite : il n'y a que la vérité. » J'aime bien cette façon de voir les choses.

    Quand les grands syndicats se font prendre la main dans le sac en train d'aider Accurso à s'en mettre plein les poches...

    Quand Facebook et son approche populaire et populiste, entre en Bourse...

    Quand Warren Buffet et d'autres millionnaires américains proposent de payer plus d'impôts...

    Quand La p'tite caisse encourage le pouvoir économique personnel en se libérant de l'emprise des systèmes financiers coûteux...

    Quand mes amis de gauche me trouvent à droite et mes amis de droite me trouvent à gauche...

    ... Je me dis qu'en effet, la gauche et la droite sont des concepts qui s'estompent.

    Je crois plutôt à l'individu : quelqu'un qui vit sa vie correctement, tout en respectant les droits et libertés de son voisin, tout en faisant entendre sa voix — voix qui peut facilement devenir collective — et en étant conscient des conséquences de chacun de ses gestes, alors nous aurons une société responsable, libre et autonome.

    Pleurer au jupon du gouvernement, des syndicats et autres puissances ne fait qu'appauvrir la force de l'individu en remettant le pouvoir dans les mains d'une faible majorité.

    Si nous discutions ensemble et que nous faisons preuve d'ouverture, je suis convaincu que j'en apprendrais autant de toi que toi de moi. Et c'est là le réel objectif de ce blogue : échanger.

    Merci pour ton commentaire (malheureusement anonyme) et surtout, je t'encourage à contribuer au dialogue avec des exemples et suggestions. Ce n'est que dans l'échange d'idées que nous sommes confrontés à nos opinions et que nous pouvons évoluer. Qu'un « gauchiste » apprécie et respecte mon discours, j'en suis fort aise. C'est sincèrement touchant, car j'essaie d'abord et avant tout de réunir les gens sous un propos commun.

    Fort de mes 160 livres et rarement enclin aux plaisirs éphémères et superficiels, je ne me qualifierais pas nécessairement de « gros bourgeois », mais plutôt d'individu centré sur ses intérêts. Pas plus que je ne te considère « gros connard gauchiste », ne t'inquiète.

    Au centre, on trouve l'équilibre; et l'individu est au centre de tout.

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