Le billet qui suit est basé sur l'histoire vécue par un ami et collègue. Nous l'avons dramatisé un soupçon, simplement pour que les chiffres parlent un peu plus fort.
:: LA P'TITE HISTOIRE
Gustave (nom fictif, évidemment) est un brave gaillard. Début 30aine, une blonde, deux enfants, il incarne le profil type du travailleur québécois, du bon père de famille, de l'homme qui se soucie de son avenir.
Il y a trois ans, la providence lui sourit et il encaisse un remboursement d'impôt d'un peu plus de 2000 dollars. Il prend alors un peu de recul et constate que cet argent inespéré, combiné avec quelques économies personnelles, met à sa disposition un bô cinq mille qu'il aimerait placer et voir fructifier.
Le beau-frère de Gustave, conseiller pour la Libertine67, lui propose alors un placement « qui ne peut pas faire autrement que d'monter, j'te l'garantis! » Pas plus sot que son voisin, Gustave embarque dans l'épopée, sachant que pour tirer le maximum de son argent, il doit accepter une certaine part de risque; un placement qui donne du bon rendement fluctuera, ira même parfois dans le négatif, « mais ça remonte toujours », lui assure le beauf.
Les quatre premiers mois, le placement livre la marchandise tel que promis : 9,7 % de rendement. 5000 dollars deviennent 5163,64 $. Pas mal!
Puis, les « marchés » tombent.
Comme vous le savez probablement, la grande majorité des placements qui nous sont offerts sont en fait des fonds communs, où un administrateur de fonds place votre argent dans des obligations d'épargne et achète des actions en votre nom. Donc, quand les marchés plantent, ce n'est pas seulement votre taux de rendement qui y goûte, mais votre capital aussi!
Au 5e mois, Gustave constate que sa cagnotte a fondu à 2250 $. Merde! Mais le beauf est confiant et dit que tout devrait rentrer dans l'ordre d'ici quelques mois.
Au bout d'un an, Gustave commence à s'inquiéter, car son magot n'a repris qu'un peu de poil de la bête et se situe toujours dans les 2500 piastres, bien en deçà de la mise initiale... Malgré un rendement moyen de 16 % !
:: UN PEU DE CHIFFRES
Gustave sort la calculette et s'attaque aux mathématiques de la chose.
Il réalise avec effroi que ça prendra un sapré bout de temps avant de récupérer son ca$h; même si son placement offre un rendement stable et constant qui avoisine les 10 % — ce qui serait l'équivalent d'apercevoir le Christ marcher sur les eaux du Lac-aux-Castors — et que ce rendement perdure, il lui faudra 7 ans avant de retrouver son précieux cinq mille. Putain!
Gustave vient de prendre conscience que les placements sont rentables seulement dans la mesure où l'on a un capital qui travaille pour nous. Quand les marchés font la moue, votre capital fond. Vous perdez alors votre pouvoir d'achat et devez espérer que les taux augmentent encore plus pour retrouver votre situation initiale. Moche!
Simplement dit et vulgarisé un tantinet : 1000 piastres à 5 %; vous faites 50 piastres de profit.
Si votre capital fond un peu, disons qu"il descend à 800 $, votre placement devra faire du 6,25 % pour vous donner le même 50 piastres de profit. Sans compter le temps perdu à rebâtir votre magot et vous retrouver à la case départ... (Passe Go et réclamez 200 $ dans 4 ans seulement)
:: DANS L'FOND D'LA CAISSE
La mesure mise de l'avant par toutes les institutions financières pour vanter les « performances » de leurs placements, c'est le taux de rendement. Or, nous venons de le constater, ce seul chiffre est totalement insipide. L'exemple de Gustave le prouve : pour remonter de 2500 à 5000 dollars en trois ans (ce qui serait une attente tout à fait compréhensible de la part de notre bon bougre), il faudrait que le fonds dans lequel il a investi lui fournisse 23 % de rendement. Yishhhhhhh...!
Certes, quand on place notre argent, on fait confiance aux gens et aux institutions et on se convainc qu'ils gèrent notre argent comme si c'était la leur. Mais les marchés, eux, ne pensent qu'à eux. Et n'importe qui qui prétend pouvoir prédire les marchés — ne serait-ce que deux mois à l'avance — a autant de crédibilité à mes yeux que cette femme.
Au moins, avec Jojo, je l'sais que je perds mon temps et mon argent. Et je sais combien je vais perdre!
Z'en dites?
:: À VOUS LA CAISSE
Avez-vous une histoire similaire à partager? Avez-vous retrouvé votre mise initiale? Avez-vous fait le calcul pour constater quels seraient le taux et la fenêtre pour renflouer vos coffres? Nous serions curieux de connaître vos (més)aventures.
Peut-être qu'en partageant nos histoires et nos expériences, trouverons-nous meilleur endroit pour entreposer nos sous? Ou du moins, nous trouverons moins pire!
*****
Petite vidéo en prime, pour vous faire sourire!
Une lectrice commente via Facebook : « Donc, peu importe, on se fait fourrer tout le temps ! C'est déprimant ! Le bon vieux bas de laine caché est la seule bonne option ? »
RépondreEffacerEt La p'tite caisse répond : Faut surtout pas déprimer! Ce qui est déprimant, c'est de subir ces montagnes russes sans en saisir les implications. Maintenant que tu le sais, tu es en mesure de prendre de meilleures décisions. Comme? Comme décider qu'au lieu de placer de l'argent (et de risquer d"en perdre) ET de payer (perdre) aussi de l'intérêt sur un prêt (genre hypothèque), on est aussi bien d'appliquer TOUS nos efforts financiers à éliminer d'abord la dette. Surtout que dans le cas d'une hypothèque, tout ce que l'on met en surplus va directement affecter le capital, donc le montant de la dette. Génial, non? Et une fois la dette payée, LÀ on pense à économiser.